Le wombat

Les wombats sont les gardiens de l'Australie. Cette charge leur a été imposée par Moihernee, empereur cosmique des Lémuriens, ancien compagnon de la déesse mère, qui lui donna de beaux enfants, et actuel rocher face à la mer au sud de la Tasmanie.

Peu versés dans la conservation de documents, les wombats ont, au sein de l'écosystème australien, un rôle purement défensif. Ils ne se soucient pas de la protection des savoirs anciens, la charge d'archiviste ayant été confié à l'ordre monastique des ornithorynques historiens. Les phascolomes se contentent de paître, bien protégés par leur séant cartilagineux, entre deux attaques de leurs forts nombreux ennemis ; il faut dire que ces animaux en plus d'être pantouflards et vantards ont un caractère de cochon.

Le rôle des rats à poche lors de la prochaine fin du monde est assez floue. Les nombreuses prophéties, ces descriptions saugrenus d'un avenir inconnu, se contredisent sur à peu près tout ; elle ne nous seront d'aucune utilité ici, et c'est tant mieux, puisque ce ne sont, après tout, que des clichés usés jusqu'à la moelle tentant vainement de cacher l'indigence du scénario.

Le mieux, pour savoir le fond de l'affaire, est de s'y rendre, par exemple à dos de wombat, vu que nous les avons sous la main. Une fois atteinte cette période située, si nos calculs sont bons, dans un temps imprécis dans l'avenir, probablement en novembre, nous pourrons voir de nos propres yeux – et non avec ceux du voisin – le rôle joué par ces marsupiaux casaniers dans l’ascension au pouvoir du peuple raton laveur. Car ce coup d'état animalier ne fait aucun doute, la grande prophétie étant infaillible.

Mais si, voyons, la grande prophétie, l'antique et vénérable et pas du tout inventée pour l'occasion.