Le monde

Le monde est une illusion de l'esprit – qui encombre pas mal, quand même. N'est pas encore né le quincaillier qui peut se vanter d'avoir dans sa boutique suffisamment de règles et de compas pour le mesurer. Car, en plus de s'étendre au niveau de l'univers sensible, le monde, ne s’arrêtant pas d'aussi bon chemin, fait le grand saut vers l'inconnu, soit l'indomptable invisible de la méconnaissance humaine. Hélas pour nous, il s'arrête là, ayant trop peur d'affronter les autres mondes, un nombre imprécis d'univers parallèles, perpendiculaires ou se mouvant dans l'autre sens, nul ne sait. Le sot.

Le passage de notre monde à un autre est de toute façon compromis par la différence des lois physique (thermodynamique, nous voilà !) : au voyageur imprudent qui penserait pouvoir affronter les entités cosmiques de, disons, l'univers Γ', nous ferons remarquer qu'il risque d'y laisser sa peau ou sa raison. Le mieux est sans doute de répéter les gestes sages appris après des années de vacances d'été passées chez sa vieille tante (mais uniquement lors des mois chauds, quand même) : que ce soit notre soleil ou le rayonnement mortel des trois lunes enflammées de Torlak-Belvedere qui tape trop fort, mieux vaut mettre un chapeau et s'enduire de crème protectrice.