Comtesse de Saint Humbert-Louvois

La comtesse de Saint Humbert-Louvois est-elle une fachon victime ? Bien que femme et portant chapeau, Noémie Iltrude née Magny de Gensac n'a aucun goût. Une mauvaise fée se serait penchée sur son berceau que ça ne nous étonnerait pas.

Multipliant les bals et les fêtes de bon ton pour tenter de se faire un nom, la comtesse s'est enfermée dans un univers d'illusion et de gloire passéiste. C'est bien triste, une si belle femme.

La faute d'un tel échec social est à chercher dans son enfance. À l'âge de treize ans, alors que son avenir dans la plomberie, divine plomberie, semble tout tracé, Noémie Iltrude décide sur un coup de tête de rejoindre le camp du tout plastique, au grand dam de ses parents et professeurs. Pleurant à chaude larme, son vieux maître de plomberie, protecteur attitré des tuyauteries en métal du royaume, se voit dans l'obligation de la chasser de son atelier. Noémie Iltrude s'obstine pourtant à rester dans la voie de la perdition. Elle obtient haut la main le diplôme de pétro-plombier de l'université pompidolienne de Bagnoles-de-l'Orne à vingt ans. La même année, elle épouse Georges Dubidon, le premier d'une longue liste de maris glabres et donc inintéressants (octante trois pour ne pas être exact et exagérer de beaucoup, deux pour être plus près de la vérité).

Pourtant, tout espoir n'est pas perdu. La comtesse à reçu la lumière et a enfin accepté de revenir aux vraies valeurs ; d'abord en revendant ses deux maris, ensuite en achetant, à un prêtre-vendeur au porte-à-porte, l'encyclopédie de la quincaillerie en cinquante tomes. Elle n'en est qu'aux premiers volumes, laissons-lui donc le temps de réapprendre le vrai goût des choses.