De la perte du port de la moustache chez la jeunesse chinoise d'aujourd'hui

Cette œuvre inachevée d'une puissance lyrique sans pareil est le résultat d'un travail sur le terrain considérable de la part de son auteur, Angus Fortimbras, moustachologue, mort, hélas, trop jeune de n'avoir pas assez vieilli. Nous vous en délivrons ici le texte intégral, sans les ratures et la liste des courses que l'on trouve au verso.

De la perte du port de la moustache chez la jeunesse chinoise d'aujourd'hui

1. Moustache, ô ma moustache, qu'es-tu donc devenue ?

Hélas, hélas, les poètes ne l'ont que trop souvent chanté, déploré, et pas des moindres, le temps passe, et les valeurs disparaissent. Aujourd'hui, pour ceux qui sont comme moi nés il y a bien longtemps, pour ces survivants d'une autre époque, que nous sommes, le monde qui nous entoure n'apparaît que comme un gouffre où tout sombre, sans que jamais rejaillisse la lumière du matin. Hélas, hélas, bien loin est le temps de notre folle jeunesse, bien vite enfuie, et de nos joies, bien profondément enfouies. À l'heure où je vous parle, j'ignore s'ils sont nombreux, ou même s'ils sont, ceux que ces lignes toucheront quand les yeux d'un passant, un jour, se poseront sur elles, par hasard, au gré de son cheminement dans l'immonde monceau d'erreurs inhumaines qu'est devenu le monde de demain.

Mais, foin de déplorations inutiles, et loin de moi ces vains soliloques ! Que le flambeau du passé illumine dès à présent les trublions égarés dans leur folie, qui hantent les ruelles enfumées de ce monde bien malade qui nous étouffe et nous broie sous sa chape de néant. Souvenons-nous des jours anciens, déployons le périscope de notre sagacité éprouvée par les ans, et sublimons les aboiements rauques des roquets hurlant à la lune qui sous-tendent l'espace et minent nos structures agissantes. Remémorons-nous l'ampleur héroïque de ces âges anciens de notre Terre aujourd'hui bien essoufflée. Tâchons de dresser le portrait de cette époque bénie des dieux, alors que les hommes, les vrais, daignaient arborer fièrement, dans toute leur dignité, le plus haut appendice de leur virilité ; tandis qu'à présent, ne circulent plus que des nains, d'infâmes avortons à la lèvre glabre, que les vents de l'histoire ballottent au gré de leurs bourrasques désœuvrées. Ce qui faisait alors la fierté de nos gars, ces hommes infiniment plus virils que les minables déplumés qui s'osent encore affubler de l'étiquette d'hominidés, c'était, indubitablement, le port de la Moustache. Car, oui. Force est de le constater. Aujourd'hui, le port de la moustache se perd chez la jeunesse occidentale. Mais, et cela est sans doute pire, le port de la moustache, institution ô combien établie dans l'Empire plurimillénaire qui compta parmi ses ressortissants des personnages aussi illustres que le Dalaï Lama ou le sinécanthrope. Oui. En vérité, je vous le dis, et je le déplore, aujourd'hui, le port de la moustache se perd chez la jeunesse chinoise. Ceci me semble symptomatique au plus haut point du mal-être qui infiltre l'ensemble de nos valeurs et la totalité de nos processus de pensée. Aussi, je souhaiterais à présent revenir sur quelques jalons marquants ayant parsemé l'histoire de cette institution inévitable, qu'est la moustache.

2. La Moustache à travers les Âges

Si Staline a gagné la Guerre, c'est bel et bien grâce à sa Moustache.

Lu Xun (鲁迅), ou l'apogée de la Moustache en Chine pré-maoïste.

Leonardo da Vinci, un Moustachu visionnaire.

Friedrich Willhelm Nietzsche, ou la Volonté de Moustache.

Mao Zedong (毛泽东), celui par qui tout arriva. Dans sa jeunesse, avant la rupture avec l'Union des Républiques Socialistes Moustachues.

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